Le spectacle de Manon Lepomme, le 8 février à l’Espace Villars, est le premier spectacle de la saison culturelle de Moulins à afficher complet, quatre semaines à l’avance. Cette humoriste belge encore peu connue en France méritait une interview. Voir l'article

 

Trois raisons de découvrir l'humoriste Manon Lepomme !

D’abord elle n’est pas devenue chroniqueuse sur la radio française – elle est restée sur la radio belge. Ensuite, elle n’aligne pas les vannes comme les boxeurs des uppercuts. Elle raconte des histoires, avec sérieux et absurdité, un peu comme un tableau de René Magritte.

Son spectacle met en avant les difficultés émotionnelles, mises à bonne distance pour en rire.

« Je n’ai pas tous les talents ! J’ai été prof d’anglais pendant trois ans, j’ai dû arrêter, j’allais devenir cinglée ! Être prof, c’est un peu comme être comédien, il y a l’estrade, le public _sauf que celui des profs n’a pas choisi d’être là. Vous pouvez être drôle, s’il n’a pas envie d’écouter, il n’écoutera pas ! Et puis mon comportement déteignait sur ma vie perso. Je parlais à mon compagnon comme à un élève ! »

Peut-on résister au merveilleux ?

Non, je n’irai pas chez le psy est l’histoire d’une comédienne qui ne veut pas grossir et tente de résister au merveilleux, petit gâteau de Belgique composé de deux meringues entre lesquelles et sur lesquelles la chantilly est abondante. Il est surmonté d’une cerise confite. Bref, ce spectacle est fortement autobiographique. « Pour résister à la gourmandise, le personnage se psychanalyse sur scène. Je dirais qu’il y a 85% de moi dedans, presque tout est vrai. »

 

Manon Lepomme, avec une énergie flamboyante, débite des anecdotes et ses angoisses.

Soyez qui vous avez envie d’être.
Ce n'est pas parce
qu’on n’est pas dans
la norme, qu’on doit aller voir un psy

 

« Le message du spectacle est “soyez qui vous avez envie d’être. Ce n'est pas parce qu’on n’est pas dans la norme, qu’on doit aller voir un psy. C’est devenu la norme d’aller consulter. Mais si j’ai envie de pleurer, je pleure ! Si j’ai envie de rire, je ris. Le succès des one-man-show montre que les gens ont besoin de rire d’ailleurs. L’avenir n’est pas reluisant. Notre monde manque un peu de fantaisie. »

La maladie d’Alzheimer est le thème qui marque le plus le public : «  Mon but est de voir les choses de façon détachée et tendre, pour en rire. » Elle évoque longuement ses grands-parents dans le spectacle.

Manon Lepomme reste systématiquement après les représentations pour discuter avec le public : « Quelqu’un qui vous dit que vous lui avez apporté du bonheur procure une sensation dingue ! »